jeudi 20 juin 2013

Conseil UFR économie gestion du 20/06/2013



Une nouvelle production estivale : le D.U masqué.


Format de vacances aujourd’hui mais rassurez-vous, un nouveau personnage entre en scène pour accompagner vos vacances : le DU (diplôme universitaire) masqué ! Il est Vietnamien et porte comme étendard le dollar de la finance. Moins sérieusement, il s’agit d’une délocalisation du Master Banque Finance Négoce International à l’Université de Hanoi (Vietnam National University). Une coopération avec cet établissement public s’inscrit dans les recommandations d’ouverture internationale effectuées par l’AERES. En tant que Master Banque Finance Négoce International, la coopération universitaire avec l’étranger semble de bon aloi. Les enseignements sont répartis 50/50 entre Hanoi et Bordeaux 4.

Mais méfions-nous des évidences surtout lorsqu’on annonce que la formation est autofinancée. Vous trouvez cela étonnant ? Je vous explique : une formation délocalisée à Damas proposait sur 2 ans 2 parcours (un en français et un en anglais). Or, la situation politique et sociale contraint à l’abandon de la formation à Damas et en quelque sorte à son remplacement à Hanoi sur 1 an et 1 parcours : et là, c’est l’effet du « double gain net ». Vous voulez tout de même gravir une marche supplémentaire dans l’escalier de l’ambigüité ? Gravissons. En plus d’être autofinancée, la formation génère un bénéfice ! En ces temps de crise vous savez… La super offre est la suivante : 7241€ de bénéfice forfaitaire entubatoire jusqu’à 29 étudiants puis 1000€ par tête en plus. Vous voulez gravir encore une marche ? Et bien je propose d’en gravir 5000 d’un coût, 5000 comme le prix à payer pour cette formation.

Au final, les concernés seront surtout des salariés dont la formation sera en partie financée par les entreprises nous dis-t-on. Embarquez donc un Master à l’aéroport de Paris, il se retrouve DU une fois arrivé chez nos amis Vietnamiens. A croire que la pluie ne fait pas pousser que les plantes mais aussi les DU.

Prochaine étape après le vote en UFR, la présentation en CEVU du 2 juillet.



Insertion professionnelle, des outils « performants » au service des étudiants.


Second volet de la réunion, les leviers d’insertion. Un premier levier est le réseau des anciens (le fameux…). Un second est la Junior Entreprise, une association à l’initiative de M Blancheton qui permettra, et a déjà permis, aux étudiants le souhaitant de faire des missions (études de marché…). En gros, les entreprises peuvent faire appel à cette association pour externaliser ce genre de missions. Une mission sur une réflexion des besoins des PME en E-économie (comprenez l’économie numérique, virtuelle…) va se mettre en place, ayant en trame de fond une E-connerie (comprenez l’ironie à l’égard de ce qui suit…) : un DU.

Un troisième levier d’insertion se met en place : l’association CEP (Club des entreprises partenaires). Ces entreprises auraient une visibilité sur le site internet de la Faculté, et paieraient une cotisation de 1000€ : l’association touche les fonds et touche le fond. Les actions moins putassières résident dans une rencontre annuelle pour créer des dialogues et rencontres – pour ne pas dire synergie - entre entreprises et chercheurs (discuter de la conjoncture et la confronter avec les points de vue des parties en présence). Sont évoquées des rencontres stage avec les étudiants toujours dans ce cadre.



Partons du Vietnam pour rejoindre l’Afrique - pour conclure et comme c’est la mode - avec le proverbe suivant : « Tout a une fin (y compris ce conseil), sauf la banane qui en a deux. »



mercredi 12 juin 2013

Le CA en conclave vote la fusion

 journée historique ou dix-neuf hommes et femmes engagèrent une communauté toute entière


Lundi 27 mai 2013, une date "historique" pour notre Université? 
Ah l'Histoire! Elle sacralise les grands moments et glorifie ceux qui les ont fait.

Nul ne peut ignorer que l'Histoire s’écrit à la plume de quelques uns pour le dessein du plus grand nombre.  
Ubuesque! Ainsi pourrait-on décrire l'histoire de la NUB. De là à dire que la démocratie a fréquemment été  bafouée, peu de pas sont à franchir.

Une après-midi électrique en perspective; un vote solennel pour un enjeu de taille. La fusion des universités  
ne peut se faire sans le consentement des administrateurs de Bordeaux IV. La responsabilités pèse sur les épaules des 31 membres de ce "conclave". 

Bien qu'un tel vote requiert de la sérénité, tout le monde ne l'entendait pas ainsi.
Et en arrivant aux abords de la salle des actes, un beau rassemblement  occupe le couloir qu'empruntent 
les gladiateurs. La couleur est annoncée, et les "non à la NUB" viennent perturber l'introduction du président Lung. Après des remerciements chaleureux adressés à son Vice-President C. Dupuy, le président étonnamment calme, mit en œuvre une tactique à l’épreuve de n'importe quel tempête. Admirable!

Soutenu par Rousset, le président prit le temps de lire un courrier écrit de la main du grand manitou socialo.
A l'instar des grands stratèges, Lung mena le CA avec une main de fer. Son introduction terminée, il invita 
les personnalités extérieures à délivrer leur opinion. 
Objectivement, les interventions des personnalités extérieures firent l'effet d'un rouleau compresseur.
Pour la NUB, ils usèrent de leur poids institutionnel pour certains et pour d'autres de leur lyrisme le plus efficace.  Furent ainsi convoqués J. Bodin, Cyrano ou encore Giuseppe Tomasi di Lampedusa. La puissance répétée des mots fut écrasante: "ce n'est pas le capital qui va décider pour une fois"; "un beau métissage"; "
Il n'y a de richesses que d'hommes"; "le choix du mouvement"... 
Encore un peu et nous aurions cru ces membres du CA touchés par la grâce.


Heureusement, ils se montrèrent humains. Ce fut le cas des "inconnus", non pas les célèbres comédiens car ici ils étaient quatre... L'un ne dit mot, un autre aurait mieux fait de faire pareil puisqu'il nous confessa la chose suivante: "J'avoue ne pas connaitre le projet" (No comment comme dirait l'autre). Puis il y eut le maire de Pessac et enfin M. Reiffers l'adjoint du maire de Bordeaux (maire dont j'ai oublié le nom, un ex-délinquant je crois). L'adjoint au maire UMP de Bordeaux ne put résister à la tentation viscérale des politiciens de se lancer des fleurs et de balancer une pic à l'attention de ses adversaires. En effet, après avoir félicité les Investissements d'avenir de la droite, il qualifia la loi MESR actuelle de "toute petite loi". Nous ne pouvons qu'avoir de l'admiration pour le politicien capable de nier sa responsabilité dans la débandade budgétaire des Universités et en même temps louer ses actions antérieures...

Avec leurs interventions, on assista à un véritable concours de citation dont la palme revient sans aucun doute à M. Cocula. Ce dernier invoqua l'auteur du Guépard, "pour que l'essentiel demeure, il faut que tout change". Particulièrement adéquate, cette formule est toutefois issue du personnage de Tancredi, le neveu du prince sicilien, qui dans la période trouble de l'unité italienne, décide avec une belle opportunité de renier sa classe, soutenir les garibaldiens avant de leur tourner le dos pour servir sa propre carrière politique. Ah l'opportunisme, quelle vertu!


Le rouleau compresseur passé, le président daigna confier la parole aux administrateurs représentants la communauté universitaire. Mais après une telle ferveur et manifestation de puissance, personne n'osa prendre la parole. Le blanc s'installa laissant quelques anges survoler la salle des actes. Puis, l'opposition à la NUB repris ses esprits. Chacun y alla de son petit discours pour exprimer sa position, votre serviteur ne dérogea pas à la règle. Notre position (qui sera annexé au PV du CA accessible sur le site de la fac) s'inscrit dans la continuité. Nous sommes opposés à la logique même de ce regroupement. Le mouvement de désengagement de l’État s'accentue, et à l'heure où l'austérité a gagné l'Université, les regroupements opérés vont conduire à achever le mode de financement classique. A ce titre, la croyance du directeur Brisson: "je ne crois plus aux financements récurrents" qu'il confessa pour justifier sa position de fusionner visa parfaitement juste. C'est précisément cela que nous reprochons à cette politique, et là où le directeur d'UFR fait fausse route c'est qu'il ne s'agit pas ici d'une question de croyance mais d'une certitude: la NUB sera une machine à aller chercher des financements sous forme de projet. Et tout cela est enrobé de la sacro-sainte ouverture de l'Université au monde extérieur. A bas les corporations universitaires! Faisons avancer l'Université à la carotte, une technique vieille comme le monde pour s'assurer qu'elle avance dans la direction fixée. A ce titre l'Idex est illustratif des financements de demain. Et lorsqu'on jette un coup d’œil sur la composition du jury international qui sélectionna les projets, on ne peut qu'être effrayé pour l'indépendance future de la recherche universitaire. Quelle légitimité à ce qu'un professeur d'Harward, un ancien dirlo de PSA, le responsable recherche d'Areva, etc.. décident des financements publics alloués aux Universités, et davantage de décider quels seront les mastodontes universitaires de demain? Quelle légitimité? Très peu, trop peu!


Le débat resta calme même lorsque l'intervention d'un professeur tourna au one-man-show. Parmi les critiques à la NUB, furent avancées notamment son manque de cohérence, l'absence de Bordeaux 3 ou encore la réticence (et même le refus) de la majorité des personnels BIATSS et des représentants des étudiants...
Enfin, ce fut l'épuisement des tours de parole, trois heures après le dernier cri des syndicalistes qui inaugura ce CA. Il était temps de voter...

Sans appel, la fusion remporta la majorité: 19P, 11C et 1Abs.



                               "-Que veux-tu? Attendons avec espérance et ne renonçons jamais à nos droits"
                                                                                                                                           A. Jarry