jeudi 13 juillet 2017

Conseil de Collège du 13 juin 2017

Ce mardi 13 juin 2017 nous a offert l’opportunité de passer une journée ensoleillée dans les merveilleux locaux de l’Université pour le conseil de collège, dans une atmosphère de dialogue et d’échange. Nous ne nous en cachons pas, nous nous sommes délectés de cet intermède démocratique, qui nous a beaucoup plus apporté que de se prélasser sur un transat en attendant l’été.

(sic)

Acte I

La séance s’ouvre sur le délicieux sujet des Ecoles Universitaires de Recherche en économie et en droit (et chacun la sienne, cela va de soi). Elles seraient accessibles à partir d’un Bac +4 à une soixantaine d’étudiants par an qui souhaiteraient ajouter une thèse à leur pedigree, plus « professionnalisante », selon les porteurs du projet, que le doctorat classique. L’admission se ferait sur « critères académiques » tant obscurs qu’imprécis. 
Le but, nous rassure-t-on, n’est certainement pas d’accaparer les contrats doctoraux du parcours classique, mais au contraire de pallier l’ultra-spécialisation dont souffrirait l’Université. Elles seraient financées en partie par l’IdEx (qui renflouerait les moyens des labos) et de bons samaritains privés qui trouveraient leurs intérêts dans les sujets de « recherche » – ou de « rhétorique », c’est selon votre conception de la discipline.

Quel intérêt ? Nous vous voyons venir, grands curieux ! 
En tout premier lieu, dégainer la carte prestige des facultés pour rivaliser avec les universités voisines (Toulouse pour l’économie notamment). Mais aussi redorer le blason de nos formations et leur offrir une plus grande valeur sur le marché du travail. 
En d’autres termes, pour ceux qui ne sont pas dans les tuyaux, renforcer la formation à deux vitesses. Sceptiques ? N’oublions pas l’exemple de l’IEP, autrefois nos collègues, aujourd’hui nos concurrents. 
A l’heure de la loi sur la sélection en master, l’idée est évidemment malvenue. Mais n’ayez crainte, la question n'a pas soulevé de problème autour de la table. Quelques-uns se sont tout de même inquiétés pour la rémunération supplémentaire des enseignants et Sieur Grard, notre cher directeur de collège, s’est félicité d’y trouver un argument pour empêcher de nouveaux gels de postes (s’il en fallait un de plus…).

Seuls vos fidèles serviteurs et leurs voisins de table étudiants se sont posé la question de la soutenabilité administrative et des conséquences d’une telle mise en concurrence des étudiants. Nous nous sommes même risqués à proposer d’innover dans les parcours ordinaires plutôt que de les délaisser au profit de nouveaux parcours sélectifs. 
Nous n’avons visiblement pas fait l’unanimité ; nous nous sommes même vus répondre que c’est « le sens de l’histoire ». Rassurons-nous tout de même : le projet prévoit 2 postes d’administratifs à temps complet supplémentaires pour chaque école universitaire, dont le financement serait attribué par un concours que nous sommes apparemment très peu sûrs de gagner. Qu’à cela ne tienne : le projet est adopté à la majorité à 5 voix contre. 
Et après investigation, nous pouvons affirmer que les financements seront bel et bien attribués.

Acte II

Vient ensuite la question épineuse de la sélection en master. Tout impatients que nous sommes, nous nous étonnons rapidement d’être les seuls si informés (et furieux) sur la question. La direction nous présente d’abord des chiffres, royalement incomplets, qui ne font pas frémir le moindre poil sur le crâne de nos éminents sages. 
Sieur Grard prend la parole le premier pour invectiver vos fidèles serviteurs et les accuser d’avoir sciemment manqué à la procédure en interpellant la présidence de l’université avant lui. Tout vexé qu’il est, il élève sa voix de patriarche pour nous remettre à notre place devant sa compagnie. Lui rétorquer notre souci d’efficacité ne sert à rien. 
Bien, nous nous sommes fait gronder comme des enfants, voilà qui annonce un heureux débat démocratique.

L’ensemble de l’équipe dirigeante se défend alors d’avoir fait circuler de mauvaises informations – ce que l’un de vos serviteurs présent en amphi pourra authentiquement discréditer. 
Nos seigneurs admettent tout de même que les moyennes faibles au semestre 5 et les vœux 4 et 5 n’ont systématiquement pas été étudiés par la faculté d’économie, arguant la saturation des capacités d’accueil. Quand nous leur demandons pourquoi le choix a été fait d’intégrer 45% de candidats extérieurs au détriment des étudiants de l’UB, nous n’obtenons que silence et haussements de sourcils agacés. 
Puis Sieur Blancheton, directeur de la faculté d’économie, annonce assumer collectivement cette décision (prosopopée !), précisant que les étudiants recalés pourront toujours aller à la Rochelle (dont nous savons que les capacités sont déjà remplies), avant de se désengager auprès du recteur, qui doit, à son avis, faire aussi sa part de besogne. 
Finalement Sieur Grard clôt le débat en nous accusant de vouloir mettre en place une discrimination positive scandaleuse à l’égard des étudiants bordelais. 
Les hostilités sont lancées à vive allure sur la pente de la mauvaise foi. Sieur Herbach, directeur de l’IAE, saisit l’occasion pour lâcher un trait d’esprit : les étudiants recalés ne sont malheureusement que des « boulettes ». Le mépris est à son paroxysme.

La causerie dévie ensuite sur la sélection prévue l’année prochaine, sans tenter de trouver de nouvelles solutions pour cette année. Les consignes de la présidence demandant l’admission immédiate de tous les étudiants ayant une moyenne égale ou supérieure à 11,5 sont déjà une trop grosse concession, il est hors de question d’accorder la moindre nouvelle faveur au fief ennemi. On nous rappelle d’ailleurs que cette barre de 11,5 ne doit pas être communiquée, car elle ne sera pas reconduite l’année prochaine. 
L’ergotage s’étend finalement en longues élucubrations sur ce qu’il aurait été intelligent de faire (fixer les modalités de sélection, informer sur l’ordre des vœux, réorganiser le calendrier d’admission par exemple ?) pour venir s’écraser pathétiquement sur la solution miracle de la césure, rappelée par Dame Bertin. Décidément, tout est bon pour bouter nos étudiants hors de nos facs ! 
Dans notre désarroi, nous ne sommes malheureusement pas surpris par le désintérêt et l’incompétence chronique de nos interlocuteurs, avouant eux-mêmes avoir sous-estimé l’attractivité de l’université de Bordeaux. Pour eux, les étudiants ne sont que des stats et notre colère puérile.

Acte III

Mais nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises ! Le département des langues nous annonce une nouvelle suppression des heures de TD d’anglais (qui avaient déjà fortement diminué en début d’année). Nous noterons le cas particulier offert à l’anglais dont échappent, heureusement mais pour de mauvaises raisons, l’allemand et l’espagnol. Désormais, nos licences ne bénéficieront plus que de 7h30 de TD en présentiel, accompagnées d’environ 7h30 de travaux en ligne, pour des classes se limitant à une vingtaine d’étudiants. 
L’idée est de construire un cours sur la plateforme Moodle qui devra être travaillé en amont et restitué en TD pour favoriser l’oral. Le concept de pédagogie inversée est évidemment défendu depuis des années par vos serviteurs et l’idée de proposer un socle de compétences harmonisé et une évaluation finale commune est séduisante. Cependant nous sommes sceptiques sur les dispositifs du projet. La dématérialisation sur Moodle existe depuis longtemps et les enseignants ont déjà les moyens de proposer leur cours en amont (ce que certains font, d’ailleurs) : quel intérêt de supprimer du présentiel ? 
Concernant la répartition des étudiants à 20 par TD, la promesse avait déjà été formulée lors de la refonte des maquettes l’année dernière et n’a en aucun cas été tenue, comment pourrait-elle l’être pour cette année ? 
Aucun engagement sur l’ouverture de postes supplémentaires n’est formulé. Les échanges montent dans les tours, Sieur Diallo, enseignant en langues, écope du même sermon infantilisant que nous-mêmes une heure plus tôt, puis les exercices de vocalise sont coupés secs par le grand chef d’orchestre. La mesure est adoptée à la majorité (5 voix contre, 2 abstentions).


A ceux qui pensent encore que l’université va bien : l’apathique est toujours coupable de son ignorance.

dimanche 22 janvier 2017

CR CFVU 19/01/2017 concernant la sélection en M1

Ce jeudi 19 janvier le Conseil Formation et Vie Étudiante (CFVU) s’est prononcé sur les capacités d’accueil en Master 1. Ces nouvelles capacités concernent une quarantaine de Master 1 compris dans l’ensemble des facultés.

Le conseil n’avait pour seuls documents préalables fournis par l’Université de Bordeaux qu’une liste de Master 1 avec les capacités d’accueils prévues pour chacun d’eux. Or le manque d’outils comparatifs tels que le nombre d’étudiant inscrit actuellement dans ces Masters 1 ou encore le nombre d’étudiant en 3ème année de licence a cruellement manqué à la prise d’une décision éclairée lors de la validation de ces capacités.
Quand il fut question de la nature de ces chiffres, on nous a répondu qu’ils étaient « cohérents » puisqu’ils avaient été voté au préalable par les autres conseils sur proposition d’un groupe de travail. Seulement cette cohérence ne nous indique pas s’ils sont inférieurs ou supérieurs au nombre d’étudiants qui s’y inscrivent habituellement ni l’intensité de cet écart à ce nombre.

Le processus de sélection se concrétise par une évaluation des candidatures de chaque étudiant postulant à l’aide de leur dossier de cursus, de leurs diplômes et de leurs relevés de notes. Il peut également être demandé une lettre de motivation et un curriculum vitae selon la formation demandée.
En cas de refus du candidat, celui-ci pourra saisir le recteur et se voir proposé une offre de 3 Masters disponibles.
Toutefois on peut douter que l’offre des Masters 1 conviennent véritablement à l’étudiant refusé et qu’il s’investira dans des études qu’il poursuit par défaut.

Lorsque le conseil questionne la présidence à propos du sort des étudiants redoublants dans des Masters où la sélection est appliqué, le vice-président chargé de la CFVU nous indique qu’il ne sait pas s’ils devront subir la sélection ou s’il seront assurés de rester dans leur Master.

Cette sélection impose également des dates de dépôt de dossier plus tôt que celles des années sans sélections afin d’analyser chacun des dossiers. On remarque qu’au sein de mêmes facultés certains Masters ont des dates totalement différentes. C’est le cas pour la faculté d’Eco-Gestion où les Masters intégrés à l’IAE imposent une date de dépôt de dossier comprise entre le 15 mars et le 15 avril alors que les Masters intégrés à la faculté d’Eco-Gestion en impose une compris entre le 28 avril et le 24 mai. Ce manque d’homogénéisation compromet la capacité des étudiants à se retrouver parmi les différentes offres de formation.
De plus, étant donné la charge importante pour la scolarité à s’occuper de ces dossiers, il est probable que le moindre retard de relevé de notes des étudiants puisse limiter ce temps de dépôt de dossier. Pour les étudiants étrangers, ceux-ci devront rapidement demander un visa pour parvenir en France, et le moindre retard concernant son obtention nuira au dépôt du dossier de ces étudiants.

Concernant la gestion administrative des dossiers ainsi que des files d’attentes à l’entrée des Masters, on demande comment le personnel d’administration parviendra à gérer cette augmentation considérable de la masse de travail à la rentrée scolaire alors même qu’elle connaît déjà des retards dans les inscriptions sans que la sélection n’existe. On nous répond que le personnel va « s’adapter à la situation » et qu’il devra « faire des efforts ».

Plus précisément concernant la faculté d’économie et de gestion, nous avons demandé comment l’Université de Bordeaux répondait à des situations cachées de double sélection à l’entrée d’un Master 1 et 2. C’est le cas pour le Master d’économie du développement où les 4 parcours en Masters 2 étaient déjà limités en place avant l’apparition de cette nouvelle sélection en Master 1.
On nous répond que ce nombre d’étudiant maximum à l’intérieur des parcours est une nécessité d’organisation pour permettre une meilleur répartition des étudiants dans les Masters.

Enfin nous avons demandé quelles perspectives d’avenir laissait l’Université de Bordeaux à la licence Administration Économique et Sociale (filière qui offre autant un cursus juridique qu’économique) face à la sélection dans les Master 1 d’économie. On peut en effet présager qu’il sera plus compliqué d’intégrer un étudiant d’AES dans un Master d’économie qu’un étudiant de la filière économie et gestion suite à la mise en place de la sélection.
La présidence nous a répondu que c’était une bonne façon de pousser les licences à développer l’information concernant leurs contenus ainsi que les perspectives d’étude qu’elles proposent afin que les étudiants ne se sentent pas lésés en sortie de 3ème année, mais qu’il existera une période de transition durant laquelle des étudiants seront surpris d’une telle difficulté pour trouver des Masters.

Finalement, face à de nombreuses incohérences dans la sélection et le manque d’information pour prendre une décision éclairée, le Conseil Formation et Vie Étudiante s’est prononcé en faveur de la sélection en Master 1.
L’Unef et OSB IV ont voté contre (3 voix), Inter’Asso s’est abstenu (7 voix) et le reste des 16 voix ont voté pour.

jeudi 19 janvier 2017

"Conseil tenu par les rats" - Compte Rendu du conseil de Collège du 17/01/2017

Chers lecteurs, vos serviteurs du collège du site Pessac reprennent la plume, après une si longue absence, pour vous narrer les chroniques universitaires de cette merveilleuse nouvelle année. Merveilleuse ? Parce qu’elle nous réserve de fabuleuses aventures, comme toujours pleines de bon sens et d’agréables surprises.
La première trouvaille de l’année, je nomme : les sélections en master. Enfin ! Du fin fond de son palais luxuriant, notre bon roi a daigné poser son regard sur la déconfiture de son service public universitaire. Mais rassurez-vous, il est resté fidèle à ses convictions, il nous a pondu une loi pour le faire tomber encore plus vite, et obtenu par la même occasion le soutien inconditionnel de ses vassaux bordelais. 

Un Chat, nommé Rodilardus,
          Faisait de Rats telle déconfiture
               Que l'on n'en voyait presque plus,
Tant il en avait mis dedans la sépulture.
Le peu qu'il en restait, n'osant quitter son trou,
Ne trouvait à manger que le quart de son soûl ;
Et Rodilard passait, chez la gent misérable,
               Non pour un Chat, mais pour un Diable.


Vous comprendrez bien, chers lecteurs, que devant une si grande nouvelle, je ne peux rendre compte de cette séance de manière exhaustive. Aussi, je n’entrerai pas dans les détails des autres points « discutés », comme la nouvelle unité professionnalisante en droit, le vote des statuts de l’IAE, la présentation des nouvelles modalités de stage, du projet de plateforme numérique de réorientation des étudiants en difficulté et la mise en place du système de base de données Bloomberg acheté pour des sommes exorbitantes à un millionnaire américain qui s’économisera les impôts en France. Vous en conviendrez, rien de très exaltant.


               Or, un jour qu'au haut et au loin
               Le Galand alla chercher femme,
Pendant tout le sabbat qu'il fit avec sa dame,
Le demeurant des Rats tint chapitre en un coin
               Sur la nécessité présente.

Autour de la table, les esprits sont donc prêts, c’est flagrant, à aborder la question polémique de la sélection en master. Ou « recrutement », comme le souligne notre cher directeur de collège, seigneur Grard, qui pense qu’une subtilité sémantique apaisera la colère de vos serviteurs éclairés. Soyez rassurés, il se trompe.
Petit détail pour dresser un tableau fidèle : ni Sieur Maveyraud, directeur adjoint au collège, ni Sieur Blancheton et Sieur Cazal, respectivement directeur et directeur adjoint du conseil de faculté d’économie-gestion-AES, ne se sont déplacés. Les fervents partisans du projet de sélection ne pourront donc pas le défendre, malgré leur dévouement remarqué en conseil de faculté pour le faire voter. Cela fait mauvais genre. Preuve de l’intérêt qu’ils portent à ce projet raisonnablement indéfendable. Si débâcle il doit y avoir, Sieur Grard se trouvera bien seul.

Pour récapituler, la loi de décembre 2016 autorise (et n’impose pas, comme ces techniciens voudraient nous faire croire) la sélection à l’entrée du deuxième cycle jusque-là illégale. Cette loi s’applique à tous les masters 1, sauf ceux de droit protégés jusqu’en 2018 par un régime dérogatoire. La loi prévoit la mise en place d’un portail d’information sur tous les masters de France et de Navarre et leurs conditions d’admission.

Jusque-là le plan semble parfaitement ficelé, seulement voilà : il reste flou sur un certain nombre de points cruciaux, tels que la garantie du droit à la poursuite des études dans le parcours choisi, les modalités de recrutement et bien d’autres encore. C’est donc sans scrupule ni rigueur juridique que Sieur Grard soumet à son assemblée un projet modifiable à souhait après le vote. De toute façon, nous avoue-t-il d’un air faussement triste, le collège n’a pas de pouvoir décisionnaire sur ce genre de question, pieds et poings liés qu’il est aux diaboliques CFVU et CA. Décidément, le collège n’est jamais responsable de ce qu’il impulse… C’est commode.


Dès l'abord, leur Doyen, personne fort prudente,
Opina qu'il fallait, et plus tôt que plus tard,
Attacher un grelot au cou de Rodilard ;
               Qu'ainsi, quand il irait en guerre,
De sa marche avertis ils s'enfuiraient sous terre ;
               Qu'il n'y savait que ce moyen.
Chacun fut de l'avis de Monsieur le Doyen ;
Chose ne leur parut à tous plus salutaire.
La difficulté fut d'attacher le grelot.

Dame Bertin, directrice adjointe, se lance la première. Elle nous présente un tableau un peu maigre, avec quelques chiffres sommaires. Elle tente de devancer les éventuels arguments d’opposition en nous assurant que les capacités d’accueil étant plus larges que les effectifs de l’année 2016-2017, ils ne créeront pas de réelle sélection. Ce qui n’est par ailleurs que partiellement vrai. L’enfumage commence.
Votre valeureux serviteur consulte immédiatement les documents plus détaillés qu’il s’est procuré auprès du conseil de faculté d’économie-gestion-AES (où le projet a été validé en amont). Il est d’ailleurs le seul à s’être débrouillé pour les trouver, le conseil de collège se gardant bien de les distribuer à tous les membres de peur qu’ils n’aient trop de raisons de contester. Votre serviteur relève la première incohérence : si la loi autorise la sélection en master 1, elle ne légalise pas celle en master 2. Pourtant, dans les documents apparemment confidentiels, les capacités d’accueil en master 2 sont précisées et même inclues à celles de master 1. Double sélection ? Sélection en master 2 déguisée ? Nous nous interrogeons, mais Sieur Grard vole vite à notre secours : ce n’est pas une sélection mais une « réorientation ». Il a visiblement choisi de poursuivre sa bataille sémantique pour essayer de sauver la face.

Les baladins d’Esprit Etudiant se réveillent : qu’en est-il des redoublants en master 1 ? Notre directeur botte en touche, aucune transition n’est prévue, et il n’a pas non plus d’idée.

Les doctorants demandent la parole pour soulever un troisième problème. Dans le cas où les étudiants d’AES seraient refusés en master d’économie, ils se retourneront légitimement vers le droit qui ne souffre pas de sélection ; ce qui risque de surcharger (encore plus !) la filière droit. Sieur Grard est décontenancé et ne trouve rien d’autre à leur reprocher que leur pessimisme. Un peu léger. Nous reposons la question pour obtenir des précisions. Cette fois-ci c’est le seigneur Saint Pau, directeur de la faculté de droit, qui se lance, peu serein. Il avoue : effectivement il n’avait pas anticipé cette question… Malaise. Mais heureusement, il trouve vite une pirouette. Un étudiant d’AES peut légitimement demander son entrée en droit, mais il sera sûrement refusé par la commission d’équivalence. La commission d’équivaquoi ? Encore une vaste fumisterie déterrée des tréfonds de l’imaginaire des membres du conseil peu au fait de la réglementation en vigueur. Mais qui prouve une fois de plus la volonté affirmée des professeurs de droit de préserver leur cercle fermé de juristes élitistes ! Que Sieur Grard confirme sans gêne.

Le chevalier Pariente s’insurge à son tour et le ton monte d’un cran. Comment peut-on chercher à recaler les AES en droit, à moins de vouloir définitivement détruire toute perspective de débouchés de la filière ? Sur ce point nous sommes d’accord. Mais notre directeur qui vient de perdre un point, se vexe et retourne sa houppelande : nous l’avons mal compris, il parlait de l’entrée en économie ! Argument hasardeux, qui n’a pas plus de sens que le premier. En termes de joute verbale, l’assemblée a vu meilleur candidat.
Sieur Saint Pau tente de voler à son secours : les AES ne peuvent aller qu’en économie, preuve en est l’appartenance de la filière à la fac d’économie-gestion (ce qui, soit dit en passant, n’a pas toujours été…). Un petit tour sur le site de l’université nous prouvera vite le contraire : tout titulaire d’une licence de droit, d’AES ou de LAP peut faire une demande d’admission. Décidément, tous les moyens sont bons pour noyer le poisson, et pas que les plus honnêtes.

Le chevalier Pariente rétorque : cette sélection en master d’économie a nécessairement des impacts sur la filière de droit, il s’agirait de prendre le problème dans sa globalité avant de se prononcer. Mais personne ne se sent concerné. L’agitation naissante retombe et la passivité et l’incompétence reprend sa place confortable autour de la table.
Votre serviteur relance : les capacités d’accueil établies sont basées sur le nombre d’inscrits durant l’année en cours, mais ne tiennent compte ni de la hausse du nombre d’étudiants chez les générations à venir, dont la courbe ne cesse de monter depuis quelques années, ni du problème de visibilité qu’ont connue les plaquettes de master l’an dernier qui n’a pas incité les étudiants à s’inscrire. Il y a fort à parier que ces capacités seront beaucoup trop restreintes pour les années qui arrivent. L’assemblée opine du chef, mais personne ne réagit, encore une fois.
OSB IV relance : ajouté à la sélection déguisée en master 2 de droit, celle prévue en master 1 et 2 d’économie va encore augmenter considérablement la tâche des scolarités, déjà en surcharge de travail. La scolarité approuve. Mais elle ne se défend toujours pas. Sidérant.
L’Unef se réveille et questionne sur l’utilité de cette capacité d’accueil si elle ne mène pas à une véritable sélection. Effectivement, nous sommes perplexes. Notre cher directeur ne parvient pas à sortir de réponse, l’assemblée se regarde dans le blanc des yeux.


L'un dit : Je n'y vais point, je ne suis pas si sot ;
L'autre : Je ne saurais. Si bien que sans rien faire
          On se quitta.

Face à cette inertie affligeante et le mépris affiché du directeur de collège, nous sommes démunis. Il annonce le vote pour la sélection en économie-gestion-AES (que nous avons demandé à bulletin secret). 5 contre, 3 blancs, 18 pour.

Le semblant de débat reprend avant le vote concernant les masters 2 de droit. Le directeur de la faculté de droit justifie la dérogation par le souhait de ne pas priver les étudiants de l’accès aux concours en bac +4. Très louable, mais nous notons encore une fois son désintérêt total pour les étudiants d’économie-gestion-AES voulant passer des concours. A la question des ménestrels d’Esprit Etudiant concernant la baisse des capacités d’accueil par rapport à l’an dernier, il répond fièrement. Pour des raisons pédagogiques d’une part (mutualisation avec d’autres cours) mais surtout structurelles : il n’existe sur le site de Pessac aucune salle pouvant accueillir un master 2 dont la capacité soit supérieure à 45 places. Chers lecteurs, si vous vous promenez du côté du bâtiment D et que vous tombez sur ces mystérieuses salles (mais bien réelles !) que Sieur Saint Pau n’a jamais trouvé, faites-lui savoir !
Le dernier argument désespérément lancé est piètrement contré par Dame Geng. La réorientation opérée par le recteur pour les étudiants recalés en vertu du droit à la poursuite des études permet d’envoyer des étudiants dans des universités qu’ils n’ont pas choisis. Mais elle n’est pas hasardeuse : elle permet d’offrir de nouvelles opportunités aux étudiants qui n’auraient pas su aller les chercher, trop sots qu’ils sont !

Vos serviteurs sont stupéfaits face à tant de mauvaise foi. Le vote valide une nouvelle fois, à 6 contre, 2 blancs et 18 pour. Les paladins de l’OSB IV ont perdu la main face à des poupées de chiffon. La bataille a viré au carnage. Les soutiens se sont vite mis à l’abri, laissant nos deux vaillants chevaliers en proie aux coups les plus vicieux.

J'ai maints chapitres vus,
          Qui pour néant se sont ainsi tenus :
Chapitres, non de Rats, mais chapitres de moines,
               Voire chapitres de chanoines.

Ne faut-il que délibérer,
La cour en conseillers foisonne ;
Est-il besoin d’exécuter,
L’on ne rencontre plus personne.