dimanche 29 octobre 2006

privatisation de la fac Episode 2:là c'est vraiment pour bientôt!

          Nous vous en parlions déjà il y a quelques jours, maintenant c'est sûr: la fac va mal les amis, très mal, elle semble même être en phase terminale. Alors faudrait la débrancher tout de suite au lieu de faire de l'acharnement thérapeutique, à lui passer 10 ml d'adré....
Même Carter ne pourra rien pour elle...
          
          Et oui, des chaires en Université vont "enfin" être financées par le privé: c'est ce qui va se passer au Collège de France, où à la rentrée 2007 devrait être inaugurée une chaire d'innovation technologique financée par la fondation Bettencourt-Schueller, présidée par Liliane, principale actionnaire de l'Oréal, et accessoirement deuxième plus grosse fortune de France...Ses dons, dont le montant n'est pas précisé par le Collège de France, serviront à financer des séminaires et heures de cours.

          Alors cela permet aux investisseurs d'avoir une totale liberté quant à la recherche, aux programmes et enseignements qui seront délivrés bien sûr, mais aussi aux personnes qui enseigneront aussi!
Le nouvel administrateur du Collège se félicite bien entendu de ce procédé et espère que cela donner envie à d'autres entreprises, car estime-t-il, "on ne peut pas tout attendre de l'Etat"...

          Non, c'est sur, on peut pas tout attendre de l'Etat, faut surtout pas lui demander de financer les Universités et donc de s'occuper de l'Education ou de l'Enseignement Supérieur...C'est curieux, il me semblait que même les libéraux reconnaissaient à l'Etat un minimum de compétences, donc lui laissaient quand même quelques domaines essentiels, comme l'Education, la Défense et la Justice....Bin maintenant c'est dépassé tout ça, y'en a qui sont encore plus libéraux que les libéraux on dirait...

          Et oui, il semblerait que le but de l'Université dorénavant soit la professionnalisation des étudiants, et non plus la diffusion du savoir, ce n'est plus un lieu d'apprentissage, c'est un lieu de concurrence...
          Et la machine est bien lancée maintenant, beaucoup de laboratoires universitaires ont signé des conventions avec des entreprises pour financer équipes et matériel, d'autres Universités suivent le pas: c'est le cas à Marne la Vallée (oui oui ya une université à Marne la Vallée, où on apprend à bosser pour DisneyLand), où ils planchent pour une chaire en partenariat avec Véolia, qui porterait sur les services de protection de l'environnement...Qui a parlé de mécénat ou de se donner bonne conscience?

           Alors la justification à tout ça c'est d'abord les carences de l'Université, qui dans un marché de la formation mondialisé, n'arrive pas à professionnaliser seule ses étudiants. Ensuite on avance le manque de financement de la part de l'Etat. Comme le souligne le vice président de la Conférence des Présidents d'Université: "l'Université a besoin d'argent et il n'y a pas 36 façons d'en trouver"...La messe est dite, il faut alors se prostituer pour survivre...
Quelles solutions alors?D'abord augmenter les frais d'inscription, ensuite trouver des pépettes dans le privé.
Elle est où la liberté et l'indépendance des Universités?

           Alors en 2004, les fonds privés dans le financement des Universités pesaient à plus de 18%, dont 12% via les frais d'inscription, et 6% proveneaient des entreprises...Mais ne vous inquiétez pas, cette part ne cesse de croître.

Et la France est loin d'être isolée:

-en Grande Bretagne, les chercheurs, chaires, labos, bâtiments, sont de plus en plus sponsorisés par le privé, en moyenne à hauteur de 27%; le groupe Reuters vient d'ailleurs d'ouvrir une école de journalisme...Mais qui va douter de l'objectivité et de l'impartialité de ses futurs journalistes?Pas nous en tout cas.

-en Belgique la situation n'est pas meilleure, ya que Johnny pour le penser: les contacts entre universités et privé sont devenus monnaie courante et des pôles de compétitivité ont été crées.

-en Allemagne, les entreprises subventionnent de plus en plus les infrastructures, comme les labos, les bibliothèques...

A quand ce système près de chez nous?Pour bientôt.
Tout le monde a constaté, avec dégoût, l'augmentation des partenariats public-privé, avec une certaine banque qui subventionne les cartes étudiants dans la Région Aquitaine. On ose espérer que la pratique va se développer; pourquoi pas les entreprises subventionner les étudiants en droit du travail?

          Ce procédé ne semble pourtant pas choquer les politiques, un candidat à l'investiture socialiste a déclaré récemment "qu'il ne voyait pas pourquoi les entreprises ne pourraient pas faire des dons à des universités (...), il n'y aurait pas de scandale à ce que la chaire de physique nucléaire de Paris VI soit financée par EDF, si EDF trouve que c'est bon pour son image"...

           En gros, il semblerait que l'on soit face à une fatalité, on nous l'impose et on pourrait rien y faire...Et bien si, réagissons, soyons vigilants et conscients que l'on tue notre fac à petit feu, défendons notre université libre, indépendante, et qui enseigne et transmet le savoir avant toute chose.